Danse théâtrale d'Egypte Quand la force et la beauté des traditions rencontrent l'expression et la créativité contemporaines

Fenêtre sur l'Egypte

Vente exceptionnelle chez Christie's

Parmi de nombreux objets égyptiens, Christie's a offert le 8 juin à la vente à New York une pièce extraordinaire. Il s'agit d'un fragment de tissu de lin peint, datant de la fin de la XVIIIe / début de la XIXe dynastie, (environ 1300-1200 av. J.C.). Il mesure 48cm de longueur et il est dans un état de préservation surprenant, ayant gardé la vibrance des couleurs originelles. La qualité du dessin, la finesse du trait, dénotant une sureté de la main, fait de cette pièce, à mon sens, un chef d'oeuvre.

Ce fragment a été retrouvé, avec quelques autres, en 1906 dans les restes d'une chapelle dédiée à Hathor, dans le temple de Montouhotep qui jouxte celui de Deir el-Bahari. Depuis cette date il était exposé aux USA, au Heckscher Museum de Huntington, N.Y, qui s'en sépare pour faire d'autres acquisitions.


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La scène montre un homme du nom de Tjanefer qui, accompagné de sa femme, de sa belle mère et de ses enfants, rend hommage à la déesse Hathor, désignée comme "Hathor, dame du ciel, souveraine de Thèbes" (vue). La déesse se tient sur une barque, au milieu des fourrés de papyrus, évoquant le marécage primordial ainsi que le liquide amniotique. Hathor joue ainsi le rôle de 'mère porteuse' qui va cueillir le mort dans son sein pour le faire re-naître. Son rôle de grande vache nourricière est illustré par l'image du pharaon accroupi en train de téter à son pis. Devant elle se tient un autre souverain, debout, ou plutôt sa statue recouverte de bitume noir, il s'agit du "Dieu parfait, Neb-hepet-Rê", Montouhotep II ; le culte s'adresse donc au fondateur du premier sanctuaire à Hathor en même temps qu'à la déesse.

Devant elle se trouve un guéridon avec une grande fleur de lotus ouverte, autre symbole de renaissance.
La seconde partie de la scène est constituée par Tjanefer suivi de sa famille. Le père, crâne rasé, est simplement vêtu d'un pagne et ne porte pas de bijou. Il lève les deux mains, paumes vers l'avant, pour adorer la déesse. Toutes les femmes portent de grandes robes de lin fin, dont la partie supérieure est légèrement orangée, un large collier ainsi qu'une longue perruque entourée d'un serre-tête. Les hommes ont le crâne rasé, comme leur père, mais portent un collier. Tous les personnages portent une grande ombelle de papyrus qui repose sur l'épaule gauche, et dans la main droite une grappe de raisin, sauf l'épouse de Tjanefer qui tient un vase bleu à long col.
Le groupe est surmonté d'un texte en dix colonnes (vue): "Faire adoration au seigneur des Deux Terres ; flairer la terre pour la maîtresse de Thèbes, afin qu'elle donne vie, santé, prospérité, estime et affection pour le ka du grandement favorisé par Hathor, Tjanefer ; sa soeur (= épouse) la maîtresse de maison Mer(et)noubet ; sa mère Sen(et) ; son fils Houy ; son fils (nom jamais inscrit) ; son fils, de son corps, qu'il aime Mahouia ; sa fille, qu'il aime Titamentit".